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Cette cinquième semaine de la saison 2019 voit s’achever le travail sur le chantier de fouilles. À cette occasion, Xavier Hénaff, archéologue et céramologue, responsable d’opération à l’INRAP où il étudie principalement le Néolithique et l’âge du Bronze, poursuit son travail au magasin. Xavier Hénaff est l’archéologue de la Mission Archéologique Franco-Suisse de Saqqâra depuis maintenant dix ans, et mène par ailleurs des recherches sur le matériel des pyramides satellites des reines de la nécropole de Pépy Ier dans le cadre d’une thèse de doctorat sous la direction de Pierre Tallet (Université Paris IV-Sorbonne). En plus de son travail de supervision de la fouille, il conduit donc une étude détaillée d’un mobilier fondamental pour comprendre la société égyptienne antique en général et le culte des reines en particulier : la céramique.

Après avoir achevé la fouille du complexe de la reine Ankhnespépy II (voir billet précédent), Xavier Hénaff consacre donc son temps de travail au magasin à analyser les différents types de céramiques retrouvés dans les pyramides des reines Inenek/Inti et Béhénou. Le céramologue de la MAFS s’emploie à dresser la liste des éléments des vaisseliers ainsi retrouvés dans la nécropole en se fondant sur différentes méthodes. La première consiste à distinguer les contextes de découverte : les vestiges céramiques constituent-ils un dépôt primaire ? Ont-ils été retrouvés dans un contexte perturbé au cours de l’Antiquité, comme ceux résultant de la fonte de structures en briques ? Ou encore, proviennent-ils d’un troisième type de contexte encore plus perturbé, lié aux dommages causés par les carriers ? De plus, Xavier Hénaff cherche à comprendre la manière dont ce matériel a été utilisé durant l’Antiquité. Ainsi, pour mener à bien son enquête, le céramologue doit distinguer le vaisselier faisant partie du viatique de la reine de celui utilisé par les prêtres dans l’exercice de leurs fonctions sacerdotales, en plus des éléments utilisés dans d’autres contextes. Pour ce faire, l’archéologue de la MAFS analyse avec soin chaque élément retrouvé. Le processus consiste à distinguer les différentes formes de céramiques et à identifier les pâtes de chacune d’entre elles, ou encore les différents types de décor. Cet examen minutieux est nécessaire afin de reconstituer les différents éléments du mobilier et de comprendre les chaînes opératoires de leur production, variant selon les types de céramique.

Cette campagne de fouilles a ainsi livré un exemple de céramiques conservées parfaitement en place. Dans l’une des petites maisons en briques de terre crue ayant servi d’habitation à des prêtres ou des gardiens, de grands plats ont en effet été découverts dans l’état dans lequel ils avaient été rangés durant l’Antiquité. Placés contre le mur d’une petite pièce et directement posés sur le sol, ils étaient à l’origine probablement disposés en trois piles posées les unes à côté des autres, constituées d’au moins deux plats. Ces plats, appartenant à l’habituelle vaisselle de présentation des aliments lors des repas, entrouvrent donc une porte sur la vie quotidienne du personnel de la nécropole.

A l’issue de ces diverses étapes, requérant une analyse bien plus compréhensive que ne pourrait le croire le néophyte, le céramologue peut donc plus facilement tenter de comprendre la fonction de ces vaisseliers, et donc de la fonction des lieux dans lesquels ils ont été intentionnellement placés et utilisés. Il s’agit d’un travail de longue haleine qui permet, en complément de l’ensemble des autres études menées par les différents spécialistes sur la nécropole de Pépy Ier, de reconstituer l’histoire et l’évolution du culte des reines de la fin de l’Ancien Empire.

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